Par Jean-Sébastien GROND
De Football.fr
le 17/01/2008
Les visions du président Diouf et du coach Gerets sont bien contradictoires. (La Provence)
Et Eric Gerets peut l'avoir. L'élimination cruelle en Coupe de la Ligue a
de nouveau poussé le président de l'OM à s'emporter. Après l'arbitrage
"maison" de M. Coué, à Rennes, dimanche dernier en Ligue 1, c'est le
staff technique phocéen qui est remis en cause après la défaite en
Bourgogne. La position est délicate pour Eric Gerets, qui n'a déjà pas
les coudées franches en terme de recrutement, et voit progressivement
ses supérieurs empiéter sur son terrain de jeu.
La guerre des mots, en interne, et même publiquement. L'élimination de
la Coupe de la Ligue, mercredi soir à Auxerre, n'a pas suscité les
mêmes réactions au sein du club phocéen. Entre le "résultat logique" accordé par Eric Gerets et "l'énorme déception"
de la part de Pape Diouf, il y a un gouffre. Toujours surexposé
médiatiquement, avec récemment une sombre affaire concernant le
transfert de Drogba, le président olympien n'hésite pas à monter sur
ses grands chevaux : "Je pense que c'est maintenant aux entraîneurs
de se poser les bonnes questions, de se demander ce qui, à ce point, ne
passe pas après une bonne première mi-temps. Il y a manifestement un
problème qu'il faut résoudre. Ils ont quand même la compétence et la qualité pour identifier les vrais problèmes. On ne peut pas continuer comme cela, à concéder des défaites à des moments importants après avoir souvent conduit les parties de manière
satisfaisante." Que le staff technique soit bien à l'écoute des paroles du Pape...
OM, le mélange des genres
Les deux dernières prestations de l'OM sont en effet loin d'être
satisfaisantes pour un club qui espérait revenir avec puissance dans la
première partie de tableau. La cascade de blessures déséquilibre la
défense à tel point que Wiltord est capable de s'offrir un doublé d'une
grande facilité, sans compter que Pedretti peut tranquillement placer
un coup de tête victorieux à la 91e minute d'un quart de finale. Dans
le secteur offensif, avec l'absence néfaste de Niang, l'OM n'a toujours
pas trouvé la bonne carburation. La faute assurément au faible régime
de l'élément moteur, Samir Nasri, qui ralentit la machine plus qu'autre
chose. Pire, Djibril Cissé agace toujours autant ses partenaires alors
que Karim Ziani aurait été aussi utile si l'Algérie s'était qualifiée
pour la CAN. Enfin, Kanga Akalé expose un talent de dribbleur certain
mais sa condition physique ne lui permet pour l'instant pas de finir
ses actions.
Eric Gerets doit donc bricoler, en témoigne la titularisation surprise
du jeune amateur Jean-Philippe Sabo, au demeurant satisfaisant. Le
Belge fait avec les faibles moyens dont il dispose. Après les renforts
de Krupoviesa, Kaboré et Akalé, qu'Eric Gerets ne connaissait même pas
de nom, c'est un attaquant étranger qui aurait été "repéré" par José
Anigo. Le technicien belge semble une nouvelle fois tout soumis aux
volontés de ses supérieurs. L'épisode Fabrice Fiorèse en atteste. Le
directeur sportif a catégoriquement refusé le retour en Ligue 1 de
l'actuel joueur d'Amiens, malgré la volonté de Gerets de récompenser
son professionnalisme en équipe réserve. Diouf n'avait d'ailleurs pas
manqué de défendre Anigo lorsque Gerets avait ironiquement expliqué la
venue forcée d'Akalé.
Gerets reste concentré
"La vie continue", résume pourtant le "Lion de Rekem"
après le coup de poignard auxerrois. Ce dernier se démarque d'ailleurs
par un fair-play remarquable. Gerets était par exemple le premier à
fustiger la concentration de ses joueurs suite à la défaire en
Bretagne. "Il y a des raisons d'être malheureux mais ça n'autorise
pas à laisser les adversaires prendre le match en main en deuxième
mi-temps. L'excuse de l'arbitrage est trop facile et je ne l'accepte pas",
admettait l'entraîneur, alors que son président et son directeur
sportif invectivaient M. Coué. La mobilisation est de mise avec la
réception de Valenciennes, également éliminé en Coupe de la Ligue, par
le PSG, mais étonnant 4e du classement. Et ce n'est certainement pas
une simple victoire au Vélodrome qui redonnera de la cohésion entre les
hommes forts de l'OM d'aujourd'hui.