Les anciens jugent l’OM
lundi 10 septembre 2007 - 14 h 33 - Christian RODAT
PANORAMICPersonne n’est dupe : le match nul ramené de Paris n’a pas
réglé tous les problèmes rencontrés par les Marseillais. D’anciennes
gloires du club ont accepté d’analyser le début de saison de l’OM. Christophe Dugarry (à l’OM entre 1997 et 1999) : « Une équipe moyenne »Où est le mal ?Sincèrement,
cet OM est une équipe moyenne. Je ne sais pas si elle est capable de
progresser. Il y a des joueurs de qualité mais pas de grands joueurs
alors c’est ce qu’il faut à l’OM. On ne remplace pas Ribéry comme ça.
L’an passé, les bonnes périodes de l’OM ont coïncidé avec sa présence.
L’OM s’est renforcé défensivement mais offensivement, il n’est pas plus
fort que l’année dernière. Lorsque l’on remplace Pagis, Maoulida et
Ribéry par Zenden, Ziani et Moussilou, que l’on ne vienne pas me parler
de recrutement équilibré ! L’équipe a été nivelée par le bas.
Aujourd’hui, l’OM est moins fort que Lyon ou Bordeaux.
L’OM peut-il redresser la barre ?La saison va
être très difficile. J’adore ce club, ce stade et ce public. J’ai
beaucoup de respect pour les dirigeants mais je n’y crois pas. L’OM,
c’est autre chose. Il faut des grands joueurs ! Il vaut mieux deux
grands joueurs plutôt que quatre moyens. Le club a besoin d’un Ribéry,
d’un Niang en pleine forme, d’un Nasri qui tire l’équipe vers le haut,
d’un Cissé qui marque des buts extraordinaires. Quand on est joueur de
l’OM, on se doit de faire le spectacle. Pour y parvenir, enfiler la
tunique blanche ne suffit pas. On doit être un autre joueur, un autre
homme que celui que l’on a été à Lille ou Sochaux. On doit faire preuve de plus de caractère.
Emon est-il toujours l’homme de la situation ?Albert
est plus que jamais l’homme de la situation. Il a réussi à faire jouer
son équipe. Il a une philosophie de jeu et est l’un des rares
entraîneurs à appliquer la devise du club. Même si tout n’a pas été
parfait, son équipe a produit du spectacle. Il a essayé de s’identifier
au club et aux supporters. Pour toutes ces raisons, il reste l’homme de
la situation.
Steve Marlet (à l’OM entre 2003 et 2005) : « Les joueurs doivent se responsabiliser »Où est le mal ?Il
y a beaucoup d’attentes autour de ce groupe. La saison n’avait pas
encore démarré que tous vantaient la qualité d’un recrutement cohérent.
Avant même de jouer, l’équipe était promise à un bel avenir. Cela a mis
la pression sur l’équipe et fait naître encore plus d’ambitions et
d’impatience chez les supporters. Or, il faut être patient. La qualité
est là, même si l’effectif ne contient pas de grands noms ou de stars,
excepté Zenden.
L’OM peut-il redresser la barre ?L’OM peut
relever la tête en étant régulier et en enchaînant deux ou trois
succès. Cela permettrait d’accumuler de la confiance. D’autant qu’au
stade Vélodrome, les joueurs ont tendance à se poser beaucoup de
questions. Quand l’on ne prend pas l’ascendant rapidement, les jambes
tremblent. Mais si les joueurs sont à bloc et chargés de confiance, ils
ne rencontreront aucun problème. Pour les rencontres à l’extérieur, je
ne suis pas trop inquiet. La pression est moindre. Au Vélodrome, pas
facile d’assumer la pression qui inhibe certains…
Emon est-il toujours l’homme de la situation ?Je
le connais très bien, Albert. Il est très psychologue, connaît
l’effectif de A à Z. Nous ne sommes que début septembre, il est trop
tôt pour parler de changement d’entraîneur ou de technicien menacé.
Albert est toujours l’homme de la situation. Mais les joueurs doivent
avoir une réflexion sur eux-mêmes.
Bernard Pardo (à l’OM en 1990-91) : « Restons calmes »Où est le mal ?Ce
début de saison est difficilement explicable, surtout qu’on avait fait
de bons matchs de préparation. Mais on n’a pas abordé ce début de
championnat de la meilleure des manières parce qu’on était timorés. On
n’arrive pas à se lâcher. On était plus joueurs lors des matchs
amicaux, on prenait plus la partie à notre compte alors qu’en
championnat, on a vraiment du mal à le faire. Il est évident que quand
on arrive dans un grand club qui veut être champion de France et faire
un parcours en Ligue des Champions,
ça devient plus difficile pour les joueurs. Mais lorsque l’on aspire à
faire une grande carrière dans le foot, il faut franchir ce palier.
L’OM peut-il redresser la barre ?Oui, parce que
je peux dire que c’est l’un des meilleurs recrutements qu’on ait pu
faire depuis longtemps. Ce début de championnat est un peu fou cette
année. A mes yeux, les équipes qui sont en tête aujourd’hui n’y
resteront pas jusqu’à la fin de la saison. Il y a un petit leurre
depuis sept matchs, ça met un peu de pression sur les grosses équipes
qui sont favorites du championnat. Mais je pense qu’avant le 38eme
match, il va y avoir du changement.
Emon est-il toujours l’homme de la situation ?Ce
n’est pas spécialement Albert, c’est tout le groupe qui est concerné.
Albert a déjà essayé plusieurs joueurs mais aucune équipe type ne se
dégage. On ne peut pas dire que c’est uniquement de sa faute parce
qu’il travaille, il tente et s’implique beaucoup. Pour l’instant, il
faut rester calme, laisser travailler tout le monde tranquillement. On
va voir des matchs de C1 et ça serait bien qu’on se régale un peu.
Marc Libbra (à l’OM entre 1990 et 1992 puis entre 1993 et 1998) : « Plus de temps à perdre »Où est le mal ?Il
y a encore eu pas mal de changements cette saison, la mayonnaise ne
prend pas et quand on voit des équipes comme Paris ou certaines grosses
écuries qui ne sont pas au rendez-vous, on peut penser que le
championnat n’est pas encore parti. A l’OM, il y a des garçons comme
Zenden qui ont du mal à jouer. Il leur faut peut-être un peu de temps,
même si c’est difficile à expliquer pour un joueur comme lui. La saison
dernière, j’ai plusieurs fois commenté les matchs de Sochaux pour
Canal+ et j’ai toujours vu Ziani très bon. Je ne pense pas qu’un garçon
comme lui, avec les qualités qu’il a et qu’il a démontrées lors des
matches amicaux, ne puisse pas s’adapter à Marseille ou supporter le
maillot blanc. Il lui faut juste un peu de temps.
L’OM peut-il redresser la barre ?La saison
dernière, l’OM a atteint son objectif principal, qui était la
qualification pour la Ligue des Champions. Cette année, il faut
confirmer. Il faut éviter de faire des prestations comme celle contre
Nice, où il y a eu un non match. A Paris, l’OM a eu sa mi-temps,
peut-être que c’est le départ de la saison mais il est encore trop tôt
pour le dire. Je pense qu’on y verra plus clair après une dizaine de
matchs, même si c’est vrai qu’il n’y a plus trop de temps à perdre.
Emon est-il toujours l’homme de la situation ?Le
changement d’entraîneur ne changerait rien à la façon de jouer de
l’équipe ou des joueurs. La saison dernière, on avait quand même des
éléments comme Ribéry, qui est quelqu’un de très important. Je ne pense
pas qu’on ait pu le remplacer malheureusement. Aujourd’hui, il faut
simplement apprendre à jouer sans lui. Les joueurs qui sont venus ont
du talent mais aucun n’est Ribéry. Et quoi qu’il en soit, ce n’est pas
Emon qui joue.
Bernard Bosquier (à l’OM entre 1971 et 1974) : « Le départ d’Emon ne changerait rien »Où est le mal ?Plusieurs
raisons peuvent expliquer ce mauvais début de saison. Il y a plusieurs
nouveaux et comme de tout temps à l’OM, on n’est pas mitigé… Il faut
quand même attendre que les choses se mettent en place. Je ne suis pas
le seul à dire que les éléments recrutés sont de bons joueurs. A mon
avis, ils conviennent à Marseille par leur état d’esprit, leurs
qualités. Seulement, il faut être patient. Il est évident que les
résultats ne sont pas ceux escomptés mais à Marseille, on veut tout,
tout de suite. Je suis un fervent supporteur de Nasri mais aujourd’hui,
il porte trop le ballon. La transmission de balle ne se fait pas assez
rapidement entre le milieu et l’attaque. C’est un peu à cause de ça
qu’on est passé au travers au cours des deux derniers matchs. Les
attaquants sont rapidement pris par deux ou trois joueurs adverses et
ce n’est pas facile pour eux.
L’OM peut-il redresser la barre ?
Avec Cissé
devant et avec le milieu de terrain qu’il y a, ça va aller. Sans
retirer quoi que ce soit à Cédric Carrasso, je pense qu’avec le nouveau
gardien, l’OM n’a pas perdu au change. Un ami m’avait déjà parlé de ce
Mandanda il y a plus d’un an mais c’est vraiment un super gardien. Il a
un avantage sur la plupart des portiers français, c’est qu’il est très
bon dans les sorties aériennes. C’est d’ailleurs dans ces interventions
qu’il a fait la différence au cours des matchs qu’il a disputés. A 22
ans, il a beaucoup de classe et de lucidité. Je suis confiant. Je pense
que le recrutement a été équilibré dans toutes les lignes et que le
déclic va se produire. C’est vrai qu’il y a du retard mais il y en
avait l’an dernier et je pense qu’il ne faut pas tout foutre en l’air.
Si, après dix matchs, il n’y a pas d’amélioration, on verra. Mais
aujourd’hui, laissons faire.
Emon est-il toujours l’homme de la situation ?C’est
le garçon qu’il faut. Son départ ne changerait rien. Avec ces joueurs,
la mayonnaise va prendre plus ou moins rapidement mais je ne pense pas
qu’il faille tenir “Bébert” pour responsable de quoi que ce soit. Ce
n’est pas lui qui saute, qui met la tête ou qui donne le ballon.
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