J’ai commencé cette journée en rencontrant les joueurs ainsi que les staffs technique et médical. J’ai souhaité leur exposer mes idées et ma stratégie en insistant sur le fait que le club devait tout faire pour terminer la saison dans les dix premiers. J’ai confiance en leurs compétences. J’attends d’eux qu’ils gagnent samedi mais aussi la semaine prochaine chez notre voisin.
Vous êtes-vous également entretenu avec Ricardo ?
Oui, je l’ai rencontré pour la première fois hier soir. Il m’a donné l’impression d’être un homme très attachant et j’ai toute raison de penser qu’il sera là pour de nombreuses années. Le club a besoin de stabilité. C’est un garçon qui est arrivé en début de saison avec un très bon bagage. Il est de plus très apprécié par les joueurs et par l’encadrement technique.
Quels espoirs avez-vous aujourd’hui pour l’AS Monaco FC ?
Il faut être clair, la raison d’être d’un club comme le nôtre, c’est de remporter des titres. Il faut essayer de gagner toutes les compétitions. Il faut donc doter cette entreprise des moyens nécessaires. Mais il ne s’agit pas que d’argent. Dans le football européen, il y a de nombreux exemples de clubs qui ont investi des millions sans jamais rien gagner. Il faut une combinaison intelligente, une alchimie entre le commercial et le sportif.
Vous avez assumé des responsabilités au sein de la fédération américaine de soccer. Quels sont vos objectifs pour le football français ?
Mes trente années aux Etats-Unis m’ont également permis d’être exposé aux sports professionnels comme le basketball, le baseball ou le football américain. J’ai la conviction que cette expérience, conjuguée à celle acquise dans le soccer, me permettra de contribuer de manière solide et durable au développement du club mais aussi de la Ligue 1 et du football français en général. Il a besoin de s’exporter. Partout dans le monde, il faudrait être en mesure de suivre le championnat de France de la même manière que les autres grands championnats. Ce n’est pas le cas aujourd’hui et je souhaite œuvrer dans ce sens.
La gestion des sports américains représente-t-elle pour vous un modèle économique ?
C’est un modèle effectivement transposable en Principauté. Je pense que les Anglo-saxons ont pris beaucoup d’avance en termes d’image et de merchandising. Les budgets des clubs de basket ou de baseball sont beaucoup plus importants que dans le football européen. En Angleterre également, la présence de trois clubs parmi les quatre demi-finalistes de la Ligue des Champions montre l’avance prise. A Monaco, nous avons la capacité d’avoir un club qui fasse référence. Il y a très clairement dans le monde anglo-saxon des exemples pertinents à appliquer à l’AS Monaco FC.
On parle de nouveaux partenariats pour le club. Qu’en est-il ?
Grâce à l’engagement de Michel Pastor ces dernières années, le club a réussi à assainir ses finances. Il est néanmoins très important pour nous de nous associer à des partenaires commerciaux qui trouvent, au-delà du simple sponsoring, un intérêt dans le développement de notre marque et dans le succès de notre équipe. A terme, nous aurons certainement un, deux, voire plusieurs partenaires qui devront permettre à l’ASM FC de voir son budget se développer. Mais je le répète, l’argent ne fait pas tout et ça n’est pas une nécessité absolue à court terme.
Quid de la Société des Bains de Mer ?
C’est une société dont l’intérêt économique est directement lié au succès et au développement de l’ASM FC. C’est un sujet dont on parle depuis des années. Aujourd’hui, nous avons réussi à convaincre la SBM de devenir l’un des sponsors de l’AS Monaco FC. A l’avenir, pourrait-elle rentrer dans le capital du club ? C’est un sujet dont on va débattre.
Quel type de Président allez-vous être ?
Je m’installe dès aujourd’hui à Monaco et j’ai bien l’intention d’être un président omniprésent et de m’ingérer dans l’ensemble des affaires du club. Pour autant, je n’ai pas l’intention d’interférer avec Jean-Luc Ettori ou Ricardo en ce qui concerne les décisions sportives. Une des tâches d’un président est de solidariser non seulement les joueurs mais l’ensemble des salariés de l’entreprise à ses problèmes et à ses succès. Il y a des domaines dans lesquels il va falloir faire des économies, d’autres dans lesquels nous allons nous développer. J’espère à terme que nous pourrons garder notre entraîneur pour de nombreuses années et que l’effectif connaîtra des changements moins fréquents. Je suis convaincu que la stabilité est essentielle pour espérer obtenir des succès.
Quel regard portez-vous sur les dernières saisons ?
Je pense que nous n’avons pas su au niveau du Conseil d’Administration prendre le juste virage au bon moment. L’arrêt Bosman a eu un impact direct sur notre club, nous avons mis du temps à réagir. Par la suite, nous avons connu des problèmes qui nous ont fait prendre du retard. On a commencé à le rattraper grâce notamment au travail accompli depuis l’arrivée de Marc Keller et de son équipe. Ce travail a permis de construire les bases nécessaires pour aller de l’avant. Je veux continuer à aller de l'avant. Mon arrivée est là pour témoigner de la volonté de retrouver les moyens pour être compétitifs, pour l’instant en France et je l’espère très vite en Europe.
Vous avez fait vos études et toute votre carrière aux Etats-Unis. Quelle est l’image du club à l’étranger ?
L’AS Monaco FC est une marque que tout le monde connait. Et ce grâce à la politique sportive menée depuis plusieurs années et qui a permis au club d’accueillir certains des plus grands joueurs de l’histoire du football. C’est notre tâche de faire que nous puissions en profiter en développant notre activité. Il faut exporter l’AS Monaco FC, elle doit être le joyau de la Principauté, l’un de ses principaux ambassadeurs. Il est dans ce sens important d’avoir au Conseil d’Administration des représentants d’autres pays, d’autres entreprises pour développer nos moyens. A ce titre, je suis très heureux d’annoncer que Monsieur Alan Rothenberg a accepté de se joindre au Conseil d’Administration du club. Il était le Président de la fédération américaine de football entre 1990 et 1998 et il a notamment été le Directeur Général du comité d’organisation de la Coupe du Monde 1994.
Comment voyez-vous la fin de saison sur le plan sportif ?
J’ai le sentiment que l’on dispose à la fois de l’effectif et de l’encadrement pour finir dans les 10 premiers. On préférerait aujourd’hui être 10ème que 15ème mais il n’y a finalement que quelques points d’écart. Ne nous laissons pas trop affecter par les récents mauvais résultats, soyons lucides sur la qualité de l’effectif. Je pense que l’inquiétude de la deuxième division ne sera pas d’actualité.
Les supporters et tous les gens qui aiment le club souhaitent voir arriver des grands joueurs…
Je l’espère également, j’ai d’ailleurs quelques idées en tête. Parallèlement, il faut continuer à mettre en avant notre centre de formation qui est très performant depuis de nombreuses années. Je veux être le garant du beau jeu à Monaco. Il faut faire du spectacle et produire du beau jeu. Il faut que les supporters aient envie de venir au stade. Nous avons la chance d’avoir des supporters dédiés à vie à notre club. Il faut que l’équipe que l’on va construire et le jeu que l’on va produire soient des attraits suffisants pour attirer 20 000 spectateurs au stade 19 fois dans la saison.